L’île de La Désirade fut ainsi dénommée par les marins de Christophe Colomb lors de leur deuxième voyage à la conquête des Amériques en novembre 1493. Après un périple de plusieurs jours depuis l’Espagne, c’est avec joie et soulagement qu’ils virent apparaitre cette terre tant désirée. Ils la nommèrent « deseada ». Ils ne s’y arrêtèrent pas, probablement à cause de la difficulté d’accoster et continuèrent leur voyage vers Marie-Galante. Ils avaient découvert ainsi l’Archipel des Petites Antilles.

AU XVII eme SIECLE

En 1635 la Compagnie des Isles d’Amériques ( compagnie privée ) obtint le monopole du commerce avec les Antilles. La Désirade y fut annexée en 1648.
Mais la compagnie fit faillite et par un acte du 4 septembre 1649 dut revendre chacune des ses îles dont La Désirade.
Louis XIV, en 1665, décide de créer « La Compagnie des Indes Occidentales ». Il racheta à ses seigneurs toutes les îles en leur possession. Cette compagnie fit faillite à son tour en 1674 et les colonies furent rattachées au domaine royal.
La Désirade devint dés lors une colonie de la Guadeloupe.
De 1649 à 1725 La Désirade ne sera guère citée dans les documents officiels.

AU XVIII eme SIECLE

Après près d’un siècle d’oubli, une dépêche du roi Louis XV du 16 octobre 1725 approuve la séquestration, à La Désirade, des lépreux présents sur la Grande Terre de la Guadeloupe. Une léproserie fut installée à l’Est de l’île, au lieu dit Baie Mahault. Les lépreux vécurent très durement, dans une misère atroce. IL fallut attendre 1811 pour que le camp soit aménagé en hospice plus régulier avec la mise en place de soins médicaux.
Le 15 Juillet 1763 par une autre ordonnance, le roi choisi l’île pour y envoyer « les mauvais sujets » dont les familles ne voulaient plus en France. Ces personnes étaient souvent emprisonnées pour des délits mineurs. Néanmoins toutes les classes y étaient représentées avec une prédominance de l’aristocratie.
Un « pénitencier » fut construit, une garnison mise à disposition. Deux ans plus tard on fit le constat que les déportations étaient sans objet et le maintient de la détention des « mauvais sujets » sur La Désirade inutile.
Il fut donc décidé de fermer le « pénitencier » avant la fin 1767.
En revanche aucun mariage ni naissance entre les détenus et le reste de la population n’ont pu être relevé dans les registres du diocèse.

LA PERIODE REVOLUTIONNAIRE

La période révolutionnaire française laissera quelques traces au sein de la société désiradienne.
En février 1794 Victor Hugues fut envoyé en Guadeloupe, il eut pour mission de repousser les Anglais et de faire respecter, par le décret du 16 pluviose an II, l’abolition de l’esclavage.
Ce décret ne donnait qu’une relative liberté aux esclaves et non l’égalité vis à vis de leur maître ; égalité pourtant proclamée par la déclaration des droits de l’homme.
Cette situation ne dura que pendant l’épisode révolutionnaire et ne permettra pas un grand changement dans la société désiradienne.

AU XIX eme SIECLE

Au cours de l’année 1808, les anglais, par l’intermédiaire de l’amiral Alexandre Cochrane, mouillèrent aux abords des îlots de la Petite Terre. Ils s’emparèrent de Marie Galante et de La Désirade.
L’île sera sous la domination anglaise de 1808 à 1816, date à laquelle un accord sera passé redonnant La Guadeloupe et ses îles au Royaume de France.
L’application du décret d’avril 1848 abolissant définitivement l’esclavage apporta un changement radical dans les structures sociales et économiques de La Désirade.
Les propriétaires des habitations ( cotonneries ) se trouvèrent à cours de main d’oeuvre, perdirent leur position sociale et s’installèrent pour la plupart en Guadeloupe tout en conservant leurs terres. Quant aux esclaves, ils prirent possession des terres libres d’en bas et de celles du plateau pour s’adonner à l’agriculture et développèrent parallèlement le métier de marin.
Les travaux et les jours qui font la vie quotidienne des désiradiens, à cette époque, sont essentiellement basés sur les deux éléments que sont la terre et la mer.

L’agriculture qui est pratiquée essentiellement par les femmes et les enfants, est une polyculture vivrière et spéculative. Les labours, sur des parcelles de moins d’un hectare, se font à la houe sur une profondeur de 15 à 20cm. Les premiers semis sont du mais, des pois longs, pois yeux noirs et du sorgho.
Dans un second temps, une fois les semis sortis, on plante les pois d’angole, les patates douces, le manioc et le coton. Les récoltes s’échelonnent d’aout à mars, sauf pour les patates douces qui se ramassent toute l’année.
Tous les trois ou quatre ans la terre est laissée en jachère, elle servira de pâturage pour les animaux. L’élevage est intimement lié aux cultures ; rare sont les familles qui ne font que de l’élevage ou de la culture. Les ovins, les caprins et les porcs sont les principaux animaux dédiés à l’élevage.
L’agriculture est communément associée à la fabrication de la chaux.
Cette chaux résulte de la pulvérisation par cuisson des roches calcaires que l’on trouve sur la partie centrale, occidentale et sur le plateau. La chaux est fabriqué dans des fours plus ou moins grands selon les moyens des gens. Elle est acheminée vers la Basse Terre ce qui va constituer pendant plus d’un siècle l’une des principales activités des goélettes de l’île.

Le métier de marin, pratiqué par les hommes, se répartit en quatre catégories différentes.
- La navigation à la pèche côtière c’est à dire essentiellement les sorties quotidiennes aux environs de La Désirade et des ilets de Petite Terre ;
- La navigation au bornage sur des goélettes de 10 à 12 tonneaux en liaison avec les communes de La Guadeloupe, de Marie Galante et des Saintes assurent le transport de marchandises et de passagers ;
- La navigation au cabotage effectuée par des goélettes de plus de 15 tonneaux permettent le transport du bois, des bestiaux et des produits manufacturés entre les îles des Petites Antilles ;
- La navigation sur les gabares qui permettent le transport du sucre à l’intérieur des terres de La Guadeloupe jusqu’à Pointe à Pitre.
Sur l’ensemble des inscriptions maritimes de La Désirade, la pêche représente un tiers et la navigation commerciale les deux tiers.
La vocation maritime des désiradiens se confirme dés 1850 surtout à partir du moment où la main d’oeuvre des habitations se retrouve affranchie.
La mer est un espace de liberté mais était déjà perçue comme tel par les hommes libres du siècle passé. Les marins préféraient s’embarquer comme corsaire plutôt que dans la marine royale( remarques de Jean Bellot Hervagault dans ses mémoires datant du 10 octobre 1779 ).
La tradition de la mer est donc très présente et, depuis le XVIII ème siècle, la fête des marins est célébrée tous les ans au mois d’août, le lendemain de l’assomption.

Les références [1]


[1Histoire des communes Antilles Guyane
Collection dirigée par Jacques ADELAIDE-MERLANDE

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